I was holding the light
on either side of me

A selection of Pierre Peuchmaurd poems translated by E.C. Belli—four poems from The Nothing Bird and “Bull,” a Circumference exclusive.

Taureau

by Pierre Peuchmaurd

Le vent est long
le vent court
le vent hurle
Le vent hurle, pas le taureau
le monde tourne, pas le taureau
il pleut, pas le taureau
la pluie est rouge, pas le taureau
tu mets ton chapeau, pas le taureau
tu enfiles tes gants, pas le taureau
la pluie rouge, l’herbe grise
les mains qui glissent sur l’arc-en-ciel
les freux les fraises les demoiselles,
pas le taureau
l’escarcelle, pas le taureau
le taureau est un sac
le héron vole, pas le taureau
le jour du mois, pas du taureau
la bave des filles, pas du taureau
je est un autre, pas un taureau
un souffle, pas un taureau
la neige aux doigts, pas un taureau
je
mets la littérature dans une corne,
pas le taureau
dans l’ombre, pas le taureau
le taureau est noir, il est blanc
le taureau est un frac
le soir tombe, pas le taureau
l’amour tangue, pas le taureau
tu touches ta peau, pas le taureau
tu noies tes yeux
tu fouilles ton sexe, pas le taureau
le vent hurle, pas le taureau
le vent flambe
le taureau est un rire un ange un tréteau d’or
l’amour tangue, pas le taureau
l’amour remonte les allées de sa mort,
pas le taureau
l’amour meurt, pas le taureau
il surgit du taureau
l’amour meugle, pas le taureau
le taureau est un chant d’oiseau
le héron vole la main passe,
pas le taureau
qui chante ailes arrachées
qui chante le ventre ouvert
le taureau pèse cent ans de corde,
pas la corde
la corde pèse le pendu, pas le taureau
les ailes, pas le taureau
arrachées, le taureau
le taureau est une jambe
le taureau est l’aubier sous l’écorce du taureau
tu est toi, pas le taureau
tu es là, pas le taureau
les chiens dansent, pas le taureau
les nains dansent sur les chiens, pas le taureau
j’ouvre la fenêtre, pas le taureau
le vent est long le vent court
la nuit aboie au ciel, pas le taureau
le taureau est le jour planté au cœur du jour

Bull

by Pierre Peuchmaurd

The wind is long

the wind runs

the wind screams

The wind screams, not the bull

the world turns, not the bull

the rain falls, not the bull

the rain is red, not the bull

you put on your hat, not the bull

you slide on your gloves, not the bull

red rain, grey grass

those hands slipping along the rainbow

those rooks those strawberries those damsels,

not the bull

the leather pouch, not the bull

the bull is a bag

the heron flies, not the bull

your day of the month, not the bull’s

the drool of girls, not the bull’s

I am another, not a bull

a breath, not a bull

that snow along our fingers, not a bull

I

pour writings into a horn

not the bull

in the shade, not the bull

the bull is black, he is white

the bull is a tailcoat

evening falls, not the bull

love reels, not the bull

you stroke your skin, not the bull

you drown your eyes

you burrow in your cunt, not the bull

the wind screams, not the bull

the wind’s ablaze

the bull is a chuckle an angel a gold trestle

love reels, not the bull

love sails up death’s alleyways,

not the bull

love dies, not the bull

it springs from the bull

love moos, not the bull

the bull is a birdsong

the heron flies the hand passes,

not the bull

that sings wings ripped

that sings with intestines showing

the bull weighs a hundred years of rope

not the rope,

the rope weighs the hanging, not the bull

the wings, not the bull

ripped, the bull

the bull is a leg

the bull is sapwood under the bark of the bull

you are you, not the bull

you are here, not the bull

the dogs are dancing, not the bull

the dwarves are dancing on the dogs, not the bull

I crack the window, not the bull

the wind is long the wind runs

the night barks at the sky, not the bull

the bull is the day planted into the heart of the day

 

translated from French by E.C. Belli
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Vite

by Pierre Peuchmaurd

Arrête avec tes aigles
Les aigles de tes seins

Et tes autres rapaces

Les grands-ducs de tes fesses

Le gypaète de ton sexe

Le vautour de mon foie

Arrête, amour, arrête

Je ne te connaissais pas

Le jour où j’ai vu sur la Loire

Ces longs échassiers noirs

Je tenais la lumière

De chaque côté de moi

La nuit allait tomber

Je croyais me tenir

Je ne te connaissais pas

Je ne sentais pas le sang

Avancer sa vague blanche

Et puis tu m’as jeté

Ton visage au visage

Tes aigles dans les mains

Tes fesses de grande-duchesse

Tu m’as jeté, alouette,

Sur ton miroir

Et les longs échassiers

Les très longs échassiers

Ce soir il neige

Et les oiseaux sont bleus

Petits cadavres, os sous la dent

J’aime tes dents

Je tiens ma tête

Entre tes mains

 

Hurry

by Pierre Peuchmaurd

Stop it with your eagles

The eagles of your breasts

And your other birds of prey

The eagle owls of your buttocks

The bearded vulture of your cunt

The vulture of my liver

Stop it, Love, stop it

I didn’t know you then

That day when I saw on the Loire River

Those long black wading birds

I was holding the light

On either side of me

Night was about to fall

I thought I was holding it together

I didn’t know you then

I didn’t feel the blood

Pushing its white wave forward

But then you threw

Your face at my face

Your eagles into my hands

Your eagle owl buttocks

You threw me, Lark,

Against your mirror

And those long wading birds

Those very long wading birds

Tonight it is snowing

And all the birds are blue

Small corpses, cutting their teeth

I love your teeth

I am holding my head

Inside your hands

 

translated from French by E.C. Belli
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Mobilier

by Pierre Peuchmaurd

Ciels pommelés de l’amour

mais méfie-toi dans l’escalier

il y a des chiens des loups des orgues

et une girafe sur chaque palier

Méfie-toi des chaises

les chaises sont des étoiles filantes

et méfie-toi du buis dans le jardin,

de l’odeur sourde du buis

méfie-toi du lit où s’enfouit

l’odeur sourde du buis

Méfie-toi des éléphants, ils trempent énormément

et méfie-toi des écolières

qui rangent des choses dans des tiroirs

Méfie-toi des greniers

de leurs températures

da la paille qui y couve le feu des filles trompées,

matelas mannequins et prophéties

méfie-toi des greniers

Méfie-toi des miroirs méfie-toi des eaux roses

des salons et des lacs qui cachent des abattoirs

méfie-toi des baignoires

des baleines de plastique et des iguanodons

méfie-toi du remords au fond des lavabos

méfie-toi des piscines orangées et sucrées

tapissées de renardes

Méfie-toi des cuisines où vont les pharaons

méfie-toi des remises et des brasiers de fraises

des armoires, des penderies et méfie-toi du linge

Spécialement, méfie-toi du linge jaune de l’été

dans la nuit des penderies

Méfie-toi des orages et des orangs-outans

méfie-toi des rideaux

des basses-cours sous la pluie

et des gros dindons porteurs de catastrophes

méfie-toi terriblement des clapiers,

des clapiers et des guéridons

Méfie-toi des tableaux, surtout des natures mortes

et surtout des portraits surtout des paysages,

méfie-toi des bisons porteurs de dindons mous

porteurs de catastrophes

Méfie-toi des lampes des profils des couloirs,

garçons et scarabées y parlent des langues profanes

et quelquefois sacrées

qui font rougir les choses

Méfie-toi des choses qui rougissent

et du cassis au fond des verres

Méfie-toi des bibliothèques, des livres dérobés

descendant vers les caves

ah ! méfie-toi des caves,

de la lèpre et du vin

du vent factieux des caves

Méfie-toi des serres, les aigles y poussent les fleurs y volent

méfie-toi de l’élevage

on a vu des génisses dans la chambre du père

Méfie-toi des commodes

et des têtes de mésanges

et méfie-toi du puits dans l’herbe

Méfie-toi des tuiles du toit

la nuit les tuiles s’envolent, vont rejoindre le jour

Méfie-toi des éponges des boîtes à lait et des imitations

méfie-toi du magnétoscope ne te sers pas du téléphone

méfie-toi des armures et des bêtes empaillées

et des femmes empaillées

et méfie-toi des courants d’air

Méfie-toi des granges aux pendus fatalistes

redoute beaucoup les palefreniers, donc méfie-toi des écuries

méfie-toi des pianos à la queue préhensile

méfie-toi des divans des lions et des tortues

et des Galapagos,

c’est un autre climat

Méfie-toi bien du planisphère, des poudriers

et des romans ouverts à la page des chaises longues,

méfie-toi de ce châle ce n’est pas un hasard

Méfie-toi de l’ascenseur,

normalement il n’y en a pas

Méfie-toi des couteaux des fourchettes des desserts

ne reprends pas de dessert

méfie-toi des lunettes oubliées sur la dune

et s’il n’y a pas de dune méfie-toi de la mer

Méfie-toi de la peur

méfie-toi du garage, c’est là qu’ils vont t’attendre

méfie-toi du matin,

du soir de l’encre et du printemps

Et méfie-toi des ciels pommelés

 

Furniture

by Pierre Peuchmaurd

O the dappled skies of love

but beware in the stairway

there are dogs wolves pipe organs

and a giraffe on each landing

Beware the chairs

chairs are shooting stars

and beware the box tree in the yard,

the deaf cry of the box tree

and beware the bed where

the deaf cry of the box tree goes to hide

Beware the elephants, they’re all trunk

and beware the schoolgirls

who hide things in drawers

Beware of attics

of their heat

of the straw covering the fire of scorned girls,

mattresses mannequins and prophecies

beware of attics

Beware of mirrors beware the pink waters

of living rooms and lakes that hide slaughterhouses

beware of bathtubs

of plastic whales and iguanodons

beware remorse deep inside the sink

beware the candied orange swimming pools

overlain with she-foxes

Beware the kitchens where pharaohs go

beware of the garden shed and the strawberry furnace

of closets, wardrobes, and beware the wash

Specifically, beware the yellow wash of summer

in the dark night of wardrobes

Beware of monsoons and monkeys

beware the curtains

the barnyards in rain

fat limp turkeys that carry disaster

Beware especially of rabbit hutches,

rabbit hutches and pedestal tables

Beware of paintings, especially still lifes

especially portraits especially landscapes,

beware bison that carry limp turkeys

that carry disaster

Beware of lamps of silhouettes of hallways,

boys and scarabs speak there in cursed tongues

and sometimes sacred tongues

that make all things blush

Beware things that blush

and cassis at the bottom of glasses

Beware libraries, stolen books without jackets

walking into cellars

O beware of cellars,

of leprosy and wine

of turbulent cellar winds

Beware of greenhouses, eagles grow there flowers fly

beware of  livestock

heifers were spotted in the father’s room

Beware of dressers

and the heads of chickadees

and beware the well in the grass

Beware of roof tiles

at night the tiles fly off in search of day

Beware of sponges pitchers of milk and replicas

beware of the VCR and avoid using the telephone

beware of armor and taxidermied creatures

and taxidermied women

and beware of drafts

Beware of barns and the fatalist men hanging there

be very afraid of grooms, and therefore beware of stables

beware pianos and their prehensile tails

beware of couches of lions of turtles

and of the Galapagos,

it’s another climate

Beware especially of planispheres, of compact powder

and of novels left open on that page with the chaise lounge,

beware that shawl (it’s no coincidence)

Beware the elevator,

there usually isn’t one

Beware knives forks and desserts

don’t get a second dessert

beware the eyeglasses forgotten on the dune

and if there is no dune beware the sea

Beware of fear

beware the parking lot, that’s where they’ll be waiting for you

beware of morning,

of evening of ink and springtime

And beware the dappled skies

 

translated from French by E.C. Belli
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La Nuit

by Pierre Peuchmaurd

La nuit est folle, doucement
La nuit tue doucement les fous

Elle noue leurs longs cheveux aux cordes de la

chance

Et tire

Elle noue leurs chevaux nus

Et pousse

La nuit reprend les fous aux rires blanc des raisons

Petits aigles petits tambours

La nuit rend fous les petits aigles

Un enfant chauve couve une poule chauve

La nuit est folle avec ses coudes

Posés sur la table du jour

Avec ses loups pressés de revenir demain

Personne n’attend l’amour les seins dans les nuages

Personne n’attend qu’il vienne

Qui passe au rouge passe à l’oubli

Personne la lampe personne la tempe

Personne l’attente au souffle court

La nuit se coule aux allées froides

Elle est rose et aveugle

La nuit dépose la chair dans la gueule des requins

Fournit la mort, la nuit est folle

La nuit est un requin dans un parterre d’iris

Image excessive qui ne dit pas assez

Combien la nuit sans toi, combien personne n’attend

Que je revoie le jour

 

The Night

by Pierre Peuchmaurd

The night is mad, gently so

The night gently kills the madmen

She ties their long hair to the ropes of fate

And pulls

She ties their naked horses together

And pushes hard

The night takes back the madmen and their white forced laughter at reason

Small eagles small drums

The night makes the small eagles mad too

A bald child is hatching a bald chicken

The night is mad with its elbows

Placed on the table of the day

With its wolves in a hurry to come back tomorrow

No one waits for love with their breasts in the clouds like that

No one waits for him to come

Run a red light run on empty

No one the lamp no one the temples on either side of the face

No one lingering so short of breath

The night runs herself through the cold alleys

She is pink and blind

The night drops flesh into the sharks’ jaws

She serves us death, the night is mad

The night is a shark in a bed of irises

An excessive image that does not say quite enough

How the night is without you, how no one waits

For me to find the daylight again

translated from French by E.C. Belli
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Le Pont

à Robert Lagarde

by Pierre Peuchmaurd

Une jeune montagne
Prenons-la quand elle sort de l’eau,

nue

dans ses bottes de fougères

Prenons-la avant le soleil, la mémoire,

avant le premier hiver,

prenons-la en même temps que le loups

prenons-la lèvres rouges

Il y a un pont

Elle ne le voit pas, elle ne voit pas les ponts,

elle est d’avant les ponts

et d’avant les fantômes

Des pierres roulent dans ses yeux,

des pierre et des nuages

et la tête de l’orage

Prenons-la quand c’est encore assez simple

et quand son flanc est tiède,

nous-mêmes à peine conscients

de notre atroce sueur

et du rire des belettes

Prenons la jeune montagne,

dent pour dent, gorge pour gorge

Avant le pont, avant

la ruine blanche de l’amour

 

The Bridge

to Robert Lagarde

by Pierre Peuchmaurd

 

A young mountain

Let’s take her when she comes out of the water,

naked

in her fern boots

Let’s take her before the sun does, before memory does,

before that first winter,

let’s take her at the same time the wolves do

let’s take her with red lips

There’s a bridge

She doesn’t see it, she doesn’t see bridges,

she is from long before bridges

from before phantoms

Stones roll inside her eyes,

stones and clouds

and the head of the storm

Let’s take her when it’s still easy enough

and when her flank is warm,

barely conscious ourselves

of our atrocious perspiring

and of the weasels’ laugh

Let’s take the young mountain,

peek after peek, gorge until engorged

Before the bridge, before

the white ruins of love

translated from French by E.C. Belli
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