[Ma grand-mère se promenait]
by Alain LanceMa grand-mère se promenait dans un petit bois jaune crissant encore de je ne sais plus quel automne lorsqu’un braconnier en fuite la fit tomber au sol Quand je me penchai je ne trouvai qu’un vieux livre ouvert dont les pages ne bougeaient plus sous mon oreille appliquée J’ai pris le livre et je suis rentré au village abandonné par ses chardonnerets Un photographe sous sa cagoule pétrifiait d’un geste toute une famille de Boulanger Le ciel lui aussi était jaune et au bout de la rue il n’y avait pas encore de monument aux morts.
Temps criblé, éditions Obsidiane et Le temps qu’il fait, collection Les Analectes, 2000.
[My grandmother walked]
by Alain Lance
My grandmother walked in a little yellow wood crunching in an autumn I no longer recall till a poacher on the run knocked her down to the ground When I leaned in and pressed close my ear I only found an ancient book whose open pages moved no more Lifting the book I was taken back to a town abandoned by its orioles With one gesture a photographer beneath his hood turned a baker’s entire family to stone The sky itself was yellow too and the end of the road did not yet have any monument to the dead.
translated from French by Erika Luckert