Profonde allégresse

by Lucie Thésée

Le balcon couvert de tuiles en verre dépoli du vieux manoir est éclairé ce soir; sa lumière diffuse, clignotante dans la futaie ne surprend àme qui vive aux alentours: la longue dame noire ne descend-t-elle pas souvent au vieux manoir quand la lune s’affirme le seul oeil du ciel?  Aussi repose-t-elle, la longue dame noire, pour le voisinage, sur un lit de legends.

 

Dans un léger déshabillé qui dresses a carnation chocolate brun, la dame avec le calme imperturbable de l’éternité se promène sur le balcon; de temps en temps son gros chat tout noir lui tombe dans les jupes en miaulant calinement, c’est que la luminescente face de la lune—une face de mort—trouble profondément la bête dont le geste arranche la longue dame à sa froide meditation.

 

La dame noir prend alors la bête dans ses bras et à rebrousse poi, lui passe les doigts dans la fourrure pour lui saisir la tête à pleines mains; maintenant elle vient de deposer le chat et, lui mure avec un bref haussement d’épaule: “Tu avais peur m’a-t-il dit… il ne s’est donc pas douté une minute que ma vie est pour lui… l’envie de me ravir mon soufflé n’effleura pas son couer.  Il alluma une cigarette…” et le plus subtile sourire humanise son visage.

 

L’animal nullement surpris continuerait son manège mais la dame noire va faire de la lumière aux pieces de l’étage tandis qu’elle éteint celle du balcon pour reprendre sa promenade.  Ellse s’arrête fréquemment aux extrémités du balcon comme pour guetter une arrivvée… mais de guerre lasse elle s’accoude à la balustrade la tête dans les deux mains flottant à travers la tropicale musique d’une évlatante nuit de line, la tête prise aussi dans sa proper nuit… et naturellement malgré l’heure très avancée, pas un ne s’étonnerait: n’est-ce pas la longue dame noire?  Le jour pourrait bien la rencontrer là, à la meme position…

Rapture: The Depths

by Lucie Thésée

The one-eyed sky: the moon-sky, its light on the tiles of the ruined plantation veranda.  And she who comes here often, that black woman, long-boned, slender — long bones stretched on a bed rigged out of scraps and village legends.

 

Long bones, slight — and chestnut-bronze and unadorned, her skin; her clothes a muslin filigree.  Darkness in the dark skirt’s folds, her cat mewls for that dead man’s face, the moon:  Long Bones knows the face it sees.

 

Long Bones runs long fingers through the cat-fur, forehead first, against the grain, suffers the cat-eyed gaze a while.  A brief shrug, a flexion of the neck and shoulders. “He wouldn’t take me, he said ‘you are afraid,’ he lit his cigarette…”

 

Darkness in the Dark is not surprised, would suffer her fingers in his fur some more.  But Long Bones paces in the light of the one-eyed sky, veranda-length, veranda-length again, to pause, as if to wait for someone, as if to hope.  Late, and yet late.  If anyone saw, no one would ask: isn’t it Long Bones, dark in dark?  No one would ask.  She comes here often.  Day will find her.  No one else.

translated from French by Robert Archambeau & Jean-Luc Garneau
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