he relished the taste of sea-soaked hair

A poem by the Martiniquais poet Suzanne Dracius, translated by Nancy Naomi Carlson

De rue d’Enfer à rue Monte au Ciel

by Suzanne Dracius

Le bougre est descendu à Saint-Pierre,

Martinique, Martinique des cendres,

en février 1902,

a drivaillé en plein Mouillage,

n’y a pas trouvé de daubannes ni nulle dame-jeanne

mais des oeillades de dames Jeanne ad libitum,

s’est fait toiser par la dame

qui a la tête dans les nuages,

le ventre en feu,

le mont de Vénus pelé.

Au pied de la Montagne Pelée,

de rue d’Enfer en bordée

jusqu’à la rue Monte au Ciel

driva de biguine en bordel.

En bord d’eau au fond du Mouillage

et des abyssaux mouillages

goûta des chevelures océanes,

dégusta des rhums et des femmes de toutes couleurs,

visita des ventres de feu,

croisa deux-trois gais zombies

en folle partance

pour de créoles Saturnales,

de fantastiques et voluptueuses chevauchées,

des nuits d’orgie à Saint-Pierre.

 

A chocolaté

bon enfant,

tout excité,

un lot de diablotins

pierrotins

et de matadors mamelues,

chatouillé des chabines fessues,

une calazaza biscornue,

prodigué suçons et caresses à une capresse à demi nue

au callipyge bonda maté

sans démâter de son côté

jusqu’à ce que sa queue se dévisse,

honoré masques et bergamasques,

masques-la-mort en émoi,

cheval trois-pattes en grand rut,

Marianne la peau-figue alanguie,

vieux-corps vifs à califourchon

en partance pour un Carnaval

de morituri bons vivants,

l’ultime,

le sublime

qui jamais

ne renaîtrait de ses cendres

en telle splendeur bacchanale.

 

En ce petit temps

court et lourd,

en ce laps d’antan,

en un rien de temps,

à peine à peine

eût-il exonéré ses graines,

songeant à sa légitime

qui l’espérait à Fort-de-France

— poteau mitan

au beau mitan

de l’austérité conjugale —

retira ses pieds juste à temps

pour éviter la Catastrophe.

 

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